Les Goodies « à Tranber »

Le 45T des LIP

On fabrique, On vend,

On se paie
Tuer le temps

J'ai un peu de temps à tuer alors je me permets de vous soumettre quelques commentaires sur le vocabulaire horloger.
À propos de tuer, avez-vous déjà noté que le vocabulaire horloger et celui des armes avaient quelques termes en commun?
En préambule, vous êtes vous rendu compte que le plus gros salon de l'horlogerie se tient à Bâle ? Est-ce réellement un hasard, je ne peux pas le croire. C'est à Bâle que l'on expose des calibres. Les choses sont marquées d'avance...

Au commencement est la platine, que ce soit sur une montre ou un revolver, le nom est commun pour cette pièce de base, sur laquelle sont assemblés tous les autres composants.

Il est quand même étonnant que l'on utilise le même terme, barillet, pour définir d'une part la réserve d'énergie, la vie d'une montre et d'autre part la réserve de balles d'une arme. Le barillet de la montre n'est-il donc qu'une réserve de secondes ? Celles qui tuent le temps, toutes aussi meurtrières que des munitions ?

D'ailleurs, on nous parle aussi de seconde morte, vous savez ces secondes saccadées dont le rythme rappelle celui du balancier de l'horloge des vieux dans la chanson de Brel, « Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit: je t'attends ».
Ainsi toute seconde qui passe est morte pour chacun de nous, elle bascule dans la case des souvenirs.
Le temps ne serait donc qu'un vase communiquant, passant du « Tic » de l'avenir au « Tac » du souvenir ?
Les souvenirs des uns faisant l'avenir des autres et vice versa.

De toute façon, honnêtement et entre nous, que peut-on attendre d'un mécanisme dont il faut armer le ressort ? On sait bien, d'avance, que si l'on « arme » les conséquences risquent d'être fatales.
Il fallait avoir, quand même, une petite idée derrière la tête pour oser appeler un échappement « échappement à détente », à chaque impulsion une seconde supplémentaire de décomptée, comme si une balle partait.

Dites moi pourquoi dénomme t-on les montres les plus travaillées, celles qui exposent leur mouvement guilloché, gravé, anglé, les montres « squelettes » ?
Ainsi, c'est quand on voit tout, que toute la vie de la montre nous est exposée que l'on décide d'utiliser ce terme. Paradoxal, non ? Le squelette c'est quand même bien aprés la mort qu'il se découvre, non ? Ils auraient pu utiliser « montre sexy », « strip montre » voire « exhib montre », et bien non une fois de plus on nous rappelle notre funeste destin.

Finalement, à l'affut, bien caché on trouve le canon de l'aiguille. Au cas où l'on ne l'aurait pas bien compris, on nous sert l'artillerie lourde.

Alors, si vous voulez mon avis, elles sont bien trop belles pour ne donner que l'heure, les montres que l'on aime. Elles doivent servir à autre chose. Peut -être à nous donner le temps plus que l'heure, parce que bien souvent, attachées à nos montres il y a des histoires d'hommes, des vies et des rêves.

Je sais, tout cela n'est pas bien gai, alors, heureusement, un certain Abraham Louis Bréguet a inventé le tourbillon, et ce tourbillon me fera toujours penser que dans une montre il y a d'abord de la vie, et du rêve.
Et par bonheur, quand on relie le tourbillon à la vie, on va directement au Paradis.


©Tranber75